Jhycheng wu

Biographie

biographie

"Une liberté créative illimitée"

Né dans le canton de Yuchi au cœur du comté de Nantou à Taiwan en 1961, Jhycheng Wu s’intéresse à la peinture depuis son plus jeune âge. Élève timide et peu scolaire, la peinture devient très vite une échappatoire et lui permet de s’exprimer et d’extérioriser ses sentiments. Il passe beaucoup de temps à explorer les ateliers des divers peintres et se sent touché et inspiré par l’ambiance qui y règne. Bien qu’il ait conscience de la difficulté et de la rigueur que demande cette discipline, la joie que lui procure la peinture suffit à son épanouissement. Venant d’une famille paysanne, il commence à travailler dans les champs au côté de ses parents dès son plus jeune âge. Il s’occupe donc de ramasser des cacahuètes ou des cannes à sucre, mais travaille aussi avec les animaux, notamment les buffles. Ses parents ne comprenaient pas pourquoi il consacrait autant de temps à peindre. Ils avaient de la difficulté à comprendre l’intérêt de la peinture, voyant cela comme quelque chose de simplement beau mais peu utile. Il ne se laisse donc pas décourager par leur avis négatif, mais persiste dans son choix et trouve le bonheur à sa manière dans la pratique de l’art.

Il commence son apprentissage de la peinture en 1977 au côté du maître peintre Taïwanais Lee Shih-Chi à l’École des Beaux-Arts de Taipei à Taiwan. Il commence alors un travail  de recherche de plusieurs années sur les aborigènes Taïwanais au côté de l’anthropologue Huang Hsien Sin, qui aboutira à la création de plusieurs tableaux et performances. Il sera par la suite diplômé des beaux-arts de Taipei en 1980, et continuera sa formation auprès de Lee Shih-Chi jusqu’en 1985. Il gagne pendant ses études plusieurs prix, notamment le premier prix du concours national d’aquarelle de Taiwan, et le premier prix du concours national de Lavis de Chine de Taiwan.

Après deux années de service militaire, Jhycheng Wu décide de changer d’horizon et de découvrir l’Europe. Il est, en effet, très inspiré par les grands peintres de ce continent, que ce soit Tintoret, Rembrandt, Cézanne, Munch ou Van Gogh, ou encore des artistes contemporains comme Francis Bacon et Gerhard Richter. Il part alors pour la France sur les conseils de son professeur où il intègre l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon en 1988. Il y obtient trois ans plus tard une licence professionnelle récompensée par le DNAP (Diplôme National d’Arts Plastiques), puis en 1994, un Master professionnel récompensé par le DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique).

Sa carrière débute à la sortie de ses études aux Beaux-Arts de Lyon, sa pratique de l’art le mène à gagner plusieurs prix en 1995, le prix du concours de l’Art en Marche en Vendée et celui de la MAPRA à Lyon. Son travail sera par la suite de plus en plus reconnu, le menant à voyager et à exposer à travers la France, en Europe, aux Etats-Unis, et même en Asie de l’Est. Que ce soit pour des expositions personnelles ou collectives, Jhycheng Wu expose ses œuvres dans de nombreux lieux aux quatre coins du monde, avide de découvrir de nouvelles cultures et de nouvelles personnes. On retiendra volontiers les expositions spectaculaires à la chapelle des Jésuites à Nîmes en France, à la fondation d’Art Crystal à New York aux Etats-Unis ou encore au Fine Museum de Taipei à Taiwan. Ses voyages lui permettent aussi de participer à de nombreux concours à travers le monde, il remporte notamment le premier prix au concours international d’Art Contemporain de Genève ou encore le premier prix à la Biennale de l’art de Nîmes en France.

Malgré sa notoriété, Jhycheng Wu reste fidèle à ses inspirations premières. Tout d’abord, son enfance passée à Taiwan au côté de sa famille. L’amour qu’il porte à son pays natal et à ses proches est une véritable source d’inspiration qui pulse dans ses œuvres. La campagne taïwanaise joue aussi un rôle important par la diversité de ses paysages : la montagne, les fleurs, les scènes de la vie quotidienne, mais aussi les animaux. Le mélange entre la culture taïwanaise dont il est issu et la culture acquise durant ses nombreux voyages forment un mélange harmonieux où l’on peut remarquer de nombreuses influences issues de milieux variés. Son style enraciné dans son terreau natal, n’a cessé de s’enrichir des paysages et diverses cultures rencontrées, il séduit par la finesse de ses interprétations et par son approche poétique du monde. Artiste accompli ayant réalisé en lui la synthèse des multiples modes d’expression graphique et picturale, il est à présent un kaléidoscope. Il ne reflète plus le réel ou des courants artistiques, il est devenu une source qui rayonne la beauté intériorisée. Jhycheng Wu n’hésite pas à se lancer dans plusieurs types de réalisation, que ce soit dans son atelier où il réalise aussi bien des huiles sur toile que des encres de Chine, que lors de performances où il se lance le défi de réaliser des œuvres devant un public en temps limité.

Témoignages

« Jhycheng Wu explore le monde au lieu de le reproduire. Où on pourrait dire qu’il tient à montrer ses doutes à l’égard de ce monde à travers ses talents de peintre, d’où le public pourrait ressentir les conflits entre des sujets ordinaires et des techniques magnifiques. » – Chen Kuang-Yi

« L’oeuvre de Jhycheng Wu s’enracine dans les veines de l’aquarelle chinoise (la dite « encre de Chine ») : et l’on sait que peinture et philosophie y sont infiniment liées, que la philosophie, là-bas, consiste d’abord dans une pratique esthétique de l’existence. Mais cette tradition chinoise ne constitue bien que l’une des deux sources du travail de Wu profondément marqué par l’histoire et les techniques européennes de la peinture à l’huile » Stéphane Pawloff

« Les peintures bidimensionnelles sont devenues une forme d’art nostalgique dans ce monde contemporain. Cependant, de nombreux défenseurs « hors du temps » soutiennent toujours les peintures de nostalgie. Jhycheng Wu étant l’un d’entre eux. » Chen Hungi-Yi

« Il y a dans l’oeuvre picturale de Jhycheng Wu quelque chose qui tient de l’expérience de Mariotte qui consiste en s’éloignant d’un tableau fixe avec un oeil fermé de découvrir le blanc originel du prisme des couleurs… L’artiste contemporain a cette écriture de réflexion et réfraction qui météore les teintes naturellement retrouvées. » – Jacques Bruyas

Prix

l'origine

"La montagne" vue par l'artiste

Pourquoi « La montagne » ou comment j’ai bâti ma montagne. 

Au départ, j’avais en tête de faire un grand tableau, et je réfléchissais à ce projet. En chinois, on dit que l’esprit est comme la mer, infini et confus, je cherchais mon sujet dans cette profusion et ce mouvement. 

Puis, invité par des amis, je suis allé plusieurs fois, à différentes saisons, en été, en automne et en hiver en montagne, dans les Alpes du sud, du côté de Névache. J’y allais pour me plonger dans cette atmosphère, dans cette lumière, dans cet air limpide. Chaque fois que je séjournais là-bas, au milieu des montagnes, les souvenirs du passé me revenaient à l’esprit. Je suis né dans les montagnes de Taiwan, des montagnes tropicales donc, pourtant les reflets des paysages de mon enfance m’envahissaient à Névache tels qu’on les voit dans la peinture chinoise ancienne. La peinture traditionnelle à l’encre de Chine fait partie de mon univers artistique, je l’enseigne depuis des années à mes élèves. La montagne et l’eau sont des sujets clés, des éléments essentiels de cet art depuis des siècles et depuis mon plus jeune âge les oeuvres de Shitao, Suan Tong, Chang Dai-Chien et d’autres encore m’ont inspiré, porté. Pour moi, la mer, l’eau, est comme la mère et la montagne symbolise le père. 

Quelques semaines avant la réalisation de mon tableau, j’ai eu l’occasion de voir l’exposition d’Anselm Kiefer au couvent de la Tourette et j’ai été impressionné par la force de la matière dans ses créations. J’ai été une fois de plus submergé par les souvenirs de mon enfance, tout d’un coup, j’ai senti physiquement l’odeur de la terre mêlée d’écorce et de paille de riz qui nous avait servi à bâtir notre maison dans la forêt taiwanaise et j’ai su à ce moment-là comment j’allais réaliser ma future montagne. Je la voulais sauvage, spontanée, brute et naturelle…

J’ai donc installé mon atelier à la Chapelle St Antoine au centre du village de Névache et je me suis posé cette question : comment faire venir ici ma montagne à moi ? J’ai déposé une grande toile blanche sur le sol de la chapelle, au milieu de la nef, puis j’ai posé par terre, autour de moi, les nombreux croquis que j’avais fait auparavant en pensant à mon projet.

Dès que j’ai été ainsi, entouré par mes croquis, j’ai ressenti une grande sécurité intérieure et je me suis dit : « Je suis prêt ». Pour peindre ma montagne, j’ai débuté par le sommet. J’avais la tête chargée de matière, j’étais entièrement en elle, dans une quantité de matière. J’ai continué à peindre depuis la cime de ma montagne, en descendant peu à peu, lentement, doucement, j’ai déposé sur la toile tout ce qui remplissait ma tête, le volume, les couleurs, les petits détails de la terre, les roches, les cailloux, la lumière à travers les arbres, les oiseaux et leur chant… J’aurai voulu peindre encore et encore, indéfiniment. C’était comme une bataille, une lutte, un combat, j’étais à bout de souffle et pourtant je continuais toujours quand, soudain, je suis arrivé au bord… Plus de toile ! Alors je me suis dit : « C’est bon ! » Il était temps d’arrêter, j’avais fini ce que je devais faire.

J’ai appelé mon ami Cyril et, avec son fils, ils m’ont aidé à relever la toile chargée de peinture pour la suspendre immédiatement devant l’autel, dans le choeur. Comme la matière était encore humide, son poids la faisait agir, elle poursuivait le travail, elle créait le bon chaos. Les couleurs, les nuances se sont mélangées, lui ont donné de la force, de la fraîcheur, de la bie, ma montagne était vivante. J’ai reculé, j’ai regardé et je me suis dit : « C’est bien !… La montagne est là ! » Je me suis rapproché de nouveau, j’ai regardé de nouveau et je me suis dit : « La matière est là aussi. »

Déclaration de Jhycheng Wu retranscrit par Véronique Briand-Barralon

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